|
∞ story of a gambler.
21 avril 1994 - 23h45. La journée avait été pluvieuse à Copenhague, grande ville et capitale du Danemark, pays d'Europe. Il avait fait tout au plus dix degrés et, à cette période, c'était vraiment peu. Certaines personnes étaient encore avec des bottes aux pieds, d'autres les avaient échangées contre des chaussures un peu moins chaudes ou avaient revêtit un k-way pour braver la pluie torrentielle. Cela avait été le cas de Henrik et de sa femme Inge, tous les deux originaires du pays. Inge était à la fin de sa deuxième grossesse et était plus qu'inquiète de son état depuis quelques semaines: en effet, elle était hospitalisée depuis le début de son septième mois de grossesse pour des contractions. Elle se devait de rester allongée constamment et c'en était pénible pour cette institutrice maternelle qui était tout le temps en mouvement. Des mesures de précautions avaient été prises depuis que la jeune femme, âgée d'environ vingt-cinq ans, avait fait une fausse couche une année et demi auparavant. Henrik, son compagnon, plus âgé d'une dixaine d'années, n'en était pas à son premier enfant. Il avait déjà un garçon de six ans qui n'était, évidemment, pas content d'avoir une petite-soeur. Cela faisait plusieurs heures qu'Inge était en travail et le bébé n'arrivait pas. Le futur père savait que, pour un premier enfant, il fallait du temps, mais à ce point... Trois jours entiers de contraction. C'était trop pour lui. Et pour sa femme. Peu après, un médecin vint à la rencontre de l'homme. "Monsieur Danford ? Votre femme vient d'accoucher. C'est une petite fille. Cependant, étant donné que nous avons du faire une césarienne pour les risques encourus, votre femme n'est pas dans l'état de recevoir de la visite pendant deux jours. Il lui faudra énormément de repos" "Et ... Et le bébé?" "Elle va bien. Votre fille va bien". Henrik se sentait pousser des ailes. Il était papa. Sa femme allait bien, le bébé aussi. La fatigue allait se dissiper mais, au moins, rien n'était arrivé à Inge. Il avait tellement eu peur de la perdre.
"Un, deux, trois piano. Personne ne bouge" Une petite fille âgée d'une dixaine d'années se retournait du tronc d'arbre qu'elle fixait pendant ses dernières paroles. Ses cheveux noirs ébène et sa peau de porcelaine faisaient que ses proches la comparaient souvent à Blanche Neige. Et la petite fille aimait ça. Elle aimait également jouer avec ses copains d'école. Très peu souvent avec des filles, Cerise ou Cherry pour les intimes, préférait la compagnie des garçons. Jouer aux poupées, à se maquiller, à se mettre des talons ou les robes de maman, très peu pour elle. Elle préférait de loin jouer au foot ou monter aux arbres. A vrai dire, elle avait, encore aujourd'hui, plusieurs traces de son passage éclair dans l'arbre familial. Cherry se souviendrait toujours du jour où ses parents avaient invité des amis de haut rang à déjeuner à la maison. Cherry avait été habillée par sa mère... Une affreuse robe bleue claire avec un noeud dans les cheveux et des anglaises, comme toute fille de bonne famille se devait d'être habillée pour les grandes occasions. Les amis de ses parents avaient un fils du même âge qu'elle. Ils s'entendaient comme frères et soeurs et s'adoraient. Liam était anglais, tout comme ses parents, mais parlait un danois quasi parfait pour son âge. Par chance, Cherry était plongée dans l'apprentissage de la langue de Shakespeare depuis sa naissance, sa mère voulant qu'elle aie un bon bagage de langues derrière elle. Le français vint par la suite, quand elle rentrait au collège. Quant à l'espagnol, elle l'apprit lors d'un voyage d'un an au pays des castagnettes.
Après une adolescence plus que banale, mis-à-part les nombreux voyages internationaux qu'elle effectuait avec ses parents, Lene de son deuxième prénom, avait décidé de débuter des études en langues. Les langues étaient une vraie passion pour la jeune fille. Pour elle, c'était l'avenir. Les voyages faisaient également parties de sa vie et elle ne se voyait pas ne pas en faire quelques-uns par an. Ayant eu terminé le lycée un an plus tôt que l'âge moyen, c'est-à-dire environ dix-huit ans, Cerise était partie pendant une année complète en Espagne, afin d'améliorer son espagnol. A vrai dire, elle aimait beaucoup cette langue mais avait vraiment des difficultés à l'étudier. Ce voyage, c'était pour se remettre à niveau avant de débuter des études de langues. C'est à Séville qu'elle fit la connaissance de Diego, un natif de vingt-deux ans. Pendant plusieurs mois, ces deux-là ne se sont pas quittés. Vous de pouviez pas voir Cerise sans Diego. Par contre, Diego sans Cerise, ça, c'était possible. Complètement amoureuse et aveugle, elle était loin de s'imaginer qu'il la trompait depuis le début de leur relation. Et avec la reprise des études de Cerise par la suite, c'était de pire en pire. Pourtant, pendant plus de deux ans, ils avaient été en couple et, quelques semaines avant de partir pour la France et son nouveau travail, Lene apprit qu'elle était enceinte. Elle savait que le couple qu'elle formait avec Diego ne pourrait pas survivre à cette annonce. Elle ne l'aimait plus et le savait depuis un moment. Seulement, la peur d'être seule était plus forte que tout. Finalement, Cerise décida d'accepter le poste d'assistance de langue anglaise dans un collège et un lycée d'une ville française bien connue, Saint Tropez. Faire ses valises et quitter Diego, sachant qu'elle était enceinte de lui, n'avait pas été des décisions faciles à prendre mais elle était heureuse de les avoir prises à un si jeune âge. Après tout, elle n'avait jamais que vingt ans.
" Merlin, you're getting on my nerves. Get out of here. NOW !" Ce gosse lui tappait sur le système. Il avait quinze balais et se permettait des choses que jamais elle n'avait entendues. Au début, ça la faisait marrer. Après tout, elle n'était pas beaucoup plus âgée que lui et elle savait qu'à cet âge-là, les garçons sont complètement débiles. Quoi qu'après, chez certains, ça reste toujours. Mais là, c'en était trop. Il y avait un minimum de respect à avoir. Jusqu'au jour où elle comprit beaucoup de choses. Merlin était doté d'une imagination débordante et rester assis en classe, ça l'emmerdait. Elle voulut évidemment l'aider mais sa proposition n'était pas sans penser aux conséquences. Merlin s'imagina des choses improbables. Apparemment, il était amoureux d'elle. Cerise se souvenait, qu'à son âge, elle avait eu le béguin pour un de ses profs. Ca avait duré quelques semaines jusqu'au jour où elle avait flashé sur un nouvel élève. Pas de quoi s'affoler, donc. Seulement, Oswald était de plus en plus insistant. Elle appréciait Merlin, mais son côté imaginatif lui faisait avoir des idées totalement saugrenues. Un jour, Cerise était de sortie avec des amies dans une boite de la ville. Elle aimait danser, s'amuser, se défouler. Après une semaine à supporter les élèves, ça lui faisait un bien fou. Bien qu'enceinte de trois mois, ça, ça n'avait pas changé. D'accord, c'était un peu moins qu'avant mais, sur ce coup-là, c'était vraiment trop. Lene avait embrassé son élève, le p'tit Merlin. Sans savoir pourquoi. Peut-être par manque d'attention et de tendresse. Ouais, c'était sûrement le cas. Comment pouvait-elle, de toute façon, tomber amoureuse d'un gamin de quinze ans ?! Impossible, simplement impossible. |