aaliyah & cerise ❥ what you say won't change anything

Et une nouvelle journée de terminée. Elles étaient de plus en plus longues pour Cerise. Tout ce qu'elle voulait, c'était rester dans son lit, avec un pot de Nutella d'un côté et un énorme bol de pop corn sucrés et caramélisés de l'autre. D'ailleurs, le médecin lui avait prescrit du repos dans le but de ne pas mettre au monde le bébé prématurément mais, techniquement, ce n'était pas possible. Elle avait besoin d'argent et elle n'était pas encore nommée dans cette école, c'est-à-dire que si elle prennait des congés, elle n'allait pas être rémunérée. Alors, dès qu'elle le pouvait, elle s'asseyait. D'ailleurs, elle présentait ses cours assise dorénavant. Ce n'était pas "professionnel" mais elle ne voulait pas qu'il arrive quelque chose au bébé. De plus qu'elle avait peut-être trouvé une famille qui aimerait l'adopter. Elle se devait de protéger cet être qui grandissait en elle.

Après avoir rangé quelques affaires, elle quitta sa classe et la ferma à clé. Elle avait, auparavant, vérifié si les fenêtres étaient bien fermées, si tous les livres avaient été remis dans les armoires par les élèves et avait, bien entendu, pris le bloc de feuilles d'interrogations qu'elle avait à corriger pour le prochain cours. Cerise n'avait pas la tête à corriger, à vrai dire, mais cela faisait partie de son métier. Et bon, le professeur d'anglais qu'elle assistait corrigeait la moitié des évaluations avec elle donc, ça lui enlevait une épine du pied. Elle se mit en route vers le parking afin de reprendre sa voiture et, en voulant ouvrir la porte du lycée, se retrouva nez à nez avec Aaliyah, l'amie d'un de ses élèves. Elle n'allait pas pouvoir éviter le conflit, ça, c'était sûr et certain. Mais il était hors de question qu'elle s'énerve.

- "Excusez-moi, Mademoiselle Matthews, j'aimerais passer"

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En voyant la jeune Matthews rentrer dans sa classe, Cerise roula des yeux. Elle allait encore devoir repousser son rendez-vous chez le kinésithérapeute, ce qui allait faire qu'elle allait encore avoir plus mal au dos et, de plus, elle allait être encore plus irritable. Les nerfs de Cerise étaient mis à dure épreuve pendant ces journées de cours, à supporter des adolescents gueulant constamment. Ce moment quotidien chez le kiné, ça l'apaisait, ça apaisait son rythme cardiaque et celui du petit être qu'elle portait. Ca lui faisait un bien fou. Mais voilà, ça n'allait pas encore être aujourd'hui qu'elle allait pouvoir se relaxer. Et après, son esthéticienne s'étonnait qu'elle soit toute courbaturée et crispée. Fallait pas s'étonner. De toute façon, que pouvait-elle faire d'autre avec cette jeune femme ? La mettre à la porte de sa classe ? Elle savait qu'Aaliyah avait une dent contre elle, par rapport à la relation qu'elle entretenait avec Merlin. D'ailleurs, c'en était pas une. Elle avait eu juste la connerie de l'embrasser en soirée et voilà, depuis ce jour-là, Oswald s'imaginait des choses. Dire qu'elle ne tenait pas à lui serait un mensonge. Elle appréciait beaucoup Merlin et la douceur dont il pouvait faire preuve envers elle. Elle n'avait pas été habituée à des marques d'affection avec le père de l'enfant qu'elle portait, et, à vrai dire, l'intérêt de Merlin face à elle la rendait vraiment mal à l'aise.

« Je ne cherche pas la guerre, mais, j'ai besoin de savoir si vous êtes du même point de vue que moi... Merlin est jeune, il ne sait pas ce qu'il fait ». Cerise se passa les mains sur le visage. Elle ne savait pas que Merlin avait la langue aussi pendue. S'il avait été là, elle l'aurait secoué dans tous les sens. Mais que lui prenait-il bon sang ? Il voulait qu'elle perde son boulot ? Il voulait qu'elle ne puisse plus jamais exercer un métier qu'elle aimait tant ? A ce moment-là, Danford avait deux solutions: soit elle se mettait à chialer, soit elle allait péter un câble. Et dire qu'il fallait qu'elle se ménage... Les hormones, mesdames et messieurs. Elle ajouta, sans aucun ton de mépris envers Aaliyah. Pourquoi en aurait-elle d'ailleurs ?

- "Je comprends votre inquiétude envers Merlin et je ne sais pas ce qu'il vous a dit mais il s'imagine des choses. Son imagination lui joue trop de tours. Je suis enceinte, j'ai pas de temps à perdre avec un gamin de quinze ans."

Cerise ne pensait pas un mot de ce qu'elle disait mais s'il fallait qu'elle le dise face à Aaliyah pour, ne serait-ce revoir Merlin qu'une fois, afin de mettre les choses au clair, elle allait le faire. Cette situation n'était pas tenable et, en plus, elle faisait souffrir tout le monde.

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Cerise s'était mise dans une merde internationale. Elle était arrivée à un point de non-retour avec cette histoire. Elle aurait aimé ne pas devoir s'expliquer avec quiquonque mais, après tout, cette Aaliyah était la personne de référence à contacter quand il s'agissait de Merlin, elle était son tuteur, c'était donc normal qu'elle lui demande des comptes. Mais là, c'était plus du côté privé, pas du côté scolaire. Devait-elle réellement faire confiance à Mademoiselle Matthews quand elle disait que ce qui se disait dans cette classe n'allait pas en sortir ? Cerise ne la connaissait pas assez pour dire qu'elle ne pouvait pas lui faire confiance. En même temps, elle ne savait pas non plus si elle pouvait avoir confiance en elle. La jeune Danford était vraiment perdue. Elle dérogeait à son statut de professeur avec Merlin, elle ne suivait pas la déontologie et encore moins le contrat qu'elle avait signé qui stipulait qu'aucune relation entre professeur et élève - même majeur - n'était tolérée dans l'école et que les sanctions étaient irréparables: exclusion pour l'élève et cessation d'enseigner à vie pour le professeur. Cerise ne savait qu'enseigner, elle n'avait pas d'autre diplôme. Et puis, de toute façon, ça serait écrit dans son dossier de bonne vie et moeurs non ? Elle ne savait pas mettre de mot sur ses sentiments envers le jeune Oswald. Mais elle sentait bien que c'était différent d'une simple attirance. Merlin lui donnait l'impression d'être le centre de l'univers. Etait-ce une raison suffisante pour que leur relation débute ? Pou lui, ça l'était, comme pour beaucoup d'autres choses mais pas pour elle.

« Vous l'avez embrassé... Lui a littéralement craqué pour vous. Faut le comprendre, Merlin est amoureux et je sais qu'il vous laisse pas indifférent, mais ce n'est qu'un enfant alors je vous demande de vous en éloigner, je veux que vous lui disiez que ce n'était qu'un accident, que vous ressentez rien, que vous en avez rien à foutre de lui » Cerise entortilla une mèche de cheveux nerveusement. Sa langue tourna dans sa bouche à maintes reprises, laissant présager qu'elle était sur les nerfs. Elle n'avait aucune envie de faire du mal à Merlin. Elle savait mieux que personne qu'à cet âge, tout ce qu'il se passe à un impact sur notre vie à venir. Et elle était tout sauf une briseuse de coeur et une salope. Jamais elle ne ferait à quelqu'un ce qu'on lui a fait. Prenant son sérieux de professeur, elle posa les avants bras sur le bureau, croisant les mains et s'adressa à Aaliyah, d'un ton assez catégorique.

- " Je ne briserais jamais le coeur de Merlin. Est-ce clair ? Je m'en tiens éloignée, je le repousse mais il insiste. Je suis censée faire quoi ? Lui mettre des heures de colle ? Pourquoi ne pas l'enfermer dans sa chambre tant que vous y êtes ?"

Cerise perdait vraiment patience avec cette jeune femme qui lui tapait sur les nerfs avec ses airs de pimbêche qui savait tout et qui décidait tout de la vie des gens. Mais elle tenta de rester cordiale

- "Ecoutez, nous voulons la même chose: le bien-être de Merlin. Je tiens beaucoup à lui en plus d'être un de mes meilleurs élèves. Mais si vous vous inquiétez parce que vous pensez que mes sentiments envers lui sont les mêmes que les siens envers moi, vous vous trompez. Mais je ne lui ferais pas de mal parce que vous me le demandez."

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La jeune femme remarquait que son interlocutrice était au bord de l'énerverment. Peu lui importait, Cerise n'avait aucun compte à lui rendre. Danford savait qu'elle dérogeait à une règle qu'elle avait acceptée en devenant professeur et puis, il y avait la question de l'âge: Merlin était si jeune, il avait encore des tas de choses à vivre et, pour devenir adulte, il devait traverser à travers cela. Cerise acceptait de ne plus le voir, excepté pendant les heures de cours, là, elle ne pouvait pas faire autrement, et, honnêtement, c'était lui demander beaucoup mais elle n'avait pas le choix. Elle connaissait le genre de personne comme Aaliyah qui voulaient à tout prix protéger les siens mais en les étouffant, on ne les aide pas. Et, par dessus tout, Aaliyah, inconsciemment, voulait certainement que son frère soit aussi malheureux qu'elle. C'était égoïste mais les personnes seules sont comme ça, sans vraiment en avoir conscience. Pendant longtemps, Cerise l'avait été: la solitude lui pesait. Pendant que toutes ses copines avaient un amoureux, elle était plongée dans ses cours, ruminant son statut de célibataire. Enfin, tomber amoureuse l'avait fait changer d'avis. Bon, la relation qu'elle avait menée avec Diego n'avait pas perduré mais, au moins, elle savait également ce qu'elle désirait dans la vie. Cette relation ne l'avait jamais vraiment apaisée mais, amoureuse, elle s'était tue. Après tout, à l'heure actuelle, elle n'avait que vingt ans et elle aussi avait encore des tas de choses à vivre.

" Si vous ne l'aviez pas embrassé, on n'en serait pas là à l'heure qu'il est ..." Cerise soupira doucement, fermant les yeux. Elle était exaspérée. Elle savait que c'était de sa faute et uniquement de la sienne ce qu'il se passait et ce qu'il s'était passé, pas la peine de remuer le couteau dans la plaie. Si elle pouvait revenir en arrière, elle le ferait. Mais ce n'était pas possible. Ce qui était fait était fait et elle devait vivre avec les conséquences. Elle préférait ne pas répondre aux attaques d'Aaliyah. De toute façon, c'était perdu d'avance.  « Comment pourrais-je vous croire ? Qui me dit que vous ne ressentez rien ? C'est beau de faire la fille compréhensive devant moi ! Parce que si je, vous ne l'aurez pas demandé, vous lui aurez fait du mal ? ». Par contre, sur ce coup-là, elle n'allait pas laisser passer.

- " Jamais je n'aurais fait du mal à Merlin. Jamais. Parce que je sais trop bien ce que ça fait. Et si je me tiens éloignée de lui, c'est à contre-coeur. Si je fais ça, c'est pour lui, pour qu'il aie une vie d'ado normal. Parce que, croyez-moi, si je faisais ça pour ma poire, je ne serais pas ici à l'instant même. "

Jamais elle n'avouerait devant quiquonque de ses sentiments envers Merlin. De toute façon, même elle ne savait pas mettre un nom là-dessus. C'était bizarre comme sentiment, sincèrement. Elle aurait préféré mille fois que tout soit clair dans sa tête avant de pouvoir dire réellement ce qu'elle ressentait.

- "Ecoutez, Mademoiselle Matthews, je n'ai aucune envie de m'énerver à ce sujet. Et je vous dirais la même chose que j'ai dite à Merlin: "Je ne sais pas ce que je ressens". Que vous me croyiez ou non, peu m'importe mais Merlin sait très bien que ce baiser était une erreur de ma part et que ça ne se reproduira plus."  

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Cerise en avait plus qu'assez. Elle était fâtiguée, épuisée par ce début de grossesse qui la faisait hésiter plus que tout. Etait-elle prête à être mère ? Seule ? Dans un appartement pitoyable ? Avec un salaire à la limite du convenable ? Elle n'en savait rien. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle voulait le meilleur pour son bébé et que, même si les délais pour l'avortement étaient dépassés, elle ne voulait pas mettre au monde un enfant sans qu'il n'aie tout ce dont il avait besoin. Lui trouver des parents, stables financièrement et relationnellement, c'était important pour elle. Mais Cerise avait peur. Peur qu'on lui pose des tas de questions sur ses intentions par la suite. Allait-elle vouloir retrouver son enfant par la suite ? Voudrait-elle le voir de temps en temps ? En réalité, il vallait mieux que les personnes soient totalement étrangères, qu'elles viennent d'un autre pays et qu'elles y emmènent son bébé. Mais allait-elle pouvoir vivre avec ça ? Vivre avec de la culpabilité ? Cerise savait pertinemment que si ce bébé était là, c'était parce qu'il le fallait, qu'elle en avait besoin.

Seulement, tout n'était pas si simple. Elle savait que des personnes, si le statut de sa relation avec Merlin était divulguée, penseraient que le jeune Oswald était le père du bébé. Ce qui était totalement faux, bien évidemment, mais vous connaissez les gens et les ragots non ? Pas besoin de vous en faire un dessin, elle savait qu'on allait essayer de lui faire cracher le morceaux. « Vous ne ressentez rien ! Ce n'est qu'un enfant. J'espère bien qu'il sait que c'est une erreur, car, croyez-moi que si ça continue, je n'en resterais pas là ! J'emploierai les grands moyens s'il faut vous faire peur ». Voilà le genre de réactions que Cerise voulait éviter. Mais elle comprenait tout à fait Aaliyah. Elle voulait protéger son frère. Aaliyah avait raison sur tous les points, ce n'était pas la peine de tout lui rappeler. Cerise savait qu'elle avait fait une erreur et qu'elle n'aurait jamais du embrasser son élève lors d'une fête mais c'était en dehors des cours non ? Bon, d'accord, que ça soit en dehors ou pas, Cerise restait le professeur. Matthews savait y faire avec elle. La menacer, c'était ça qu'il fallait faire. Cherry avait la trouille de se faire renvoyer et, si elle venait à garder le bébé, ne pas avoir de travail était impossible pour survivre. Danford avait peur aprésent. Et ça se voyait.

- " Je parlerais à Merlin."

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Le ton et la posture de Matthews avait soudainement changé suite aux paroles de Cerise. Peut-être se sentait-elle rassurée sur le faite qu'elle allait en parler - dès qu'elle le pouvait - à son élève ? Ou simplement voulait-elle ménager la jeune Danford à cause de sa grossesse ? Franchement, Cerise n'en avait aucune idée et peut lui importait. Tout ce qu'elle voulait c'était qu'on arrête de lui prendre la tête par rapport à ce baiser. Cerise savait qu'elle avait fait une bétise et que Merlin, comme n'importe quel ado, avait pris ça pour acquis. Honnêtement, Cerise ne savait pas où elle en était. Son désir le plus fort, à l'instant, c'était de partir de cette classe de cours et aller à son rendez-vous chez le gynécologue, là où elle aurait déjà du être depuis au moins cinq minutes. Elle sentait que ses nerfs allaient lâcher d'une manière ou d'une autre et, pour elle, il était hors de question qu'elle craque devant cette Aaliyah. Protéger son frère était une chose, menacer une jeune femme enceinte qui se bat contre elle-même, c'en était une autre. « Ce n'est pas parce que vous êtes professeur, je me fiche de votre âge et de ce que vous ressentez pour Merlin, j'ai juste peur qu'il souffre si vous le blessez ». Cerise se leva de son siège, allant vers la porte. Tout en l'ouvrant, elle s'adressa à la jeune femme:

- "Et je ne tiens pas à ce qu'il souffre. Maintenant, Mademoiselle Matthews, je ne voudrais pas paraître mal-polie mais j'ai un rendez-vous personnel que je ne peux pas manquer. Je parlerais à Merlin dès que je le pourrais."